« De pionniers, ils sont devenus entrepreneurs »

Jubilé

« De pionniers, ils sont devenus entrepreneurs »

3 juin 2019 agvs-upsa.ch – Le vice-président Pierre Daniel Senn siège au comité central de l’UPSA depuis 25 ans. Le Neuchâtelois considère que l’association permet d’ouvrir des portes. Il s’est entretenu avec AUTOINSIDE à propos de la mutation qui fait passer le garagiste du statut de pionnier à celui d’entrepreneur et à propos de son engagement en faveur de l’UPSA.

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jas. Vous êtes maintenant au comité central de l’UPSA depuis 25 ans. Comment vos collègues vous décriraient-ils ?
Pierre Daniel Senn: (Rires) J’espère qu’ils auraient des choses positives à dire sur moi. Lors du petit apéritif de jubilé, Urs Wernli a dit qu’il appréciait mon humour et notre bonne collaboration. J’ai bien sûr eu beaucoup de collègues en 25 ans. J’ai même connu tous les présidents centraux de l’UPSA. Ce n’est que lorsque je le raconte que je me rends compte du temps que j’ai investi dans l’UPSA.

Avez-vous ressenti de la fatigue vis-à-vis de votre mandat ?
Non, jamais. Pour moi, l’UPSA a toujours été une porte qui s’ouvre sur d’autres domaines. Mon père et mon grand-père étaient garagistes, mon arrière-grand-père s’était aussi penché sur les besoins de mobilité des gens en tant que maréchal-ferrant. Jeune homme, je voyais le monde au travers de mes yeux. Grâce à l’UPSA, je me suis fait une autre perspective. Cette abondance d’expériences est très enrichissante et c’est précisément ce qui me fascine encore depuis 25 ans. Le monde autour de nous, y compris celui des garages, a en outre été complètement bouleversé.

Quels ont été les principaux changements ?
Jusqu’en 2000, le marché était en expansion, chaque nouveau garage qui s’ouvrait marchait bien, la demande de voitures était énorme. À partir de 2000, le marché a été saturé et notre travail a changé du tout au tout. En tant que garagistes, nous sommes passés de pionniers à entrepreneurs. Une mutation complète a été engendrée par de nouvelles technologies, de nouveaux systèmes, de nouvelles idées de management, mais aussi par l’informatique. L’informatique était parcellaire lorsque je suis entré à l’UPSA il y a 25 ans. Internet était à peine connu, c’est inimaginable de nos jours.

L’activité est-elle devenue plus difficile pour les garages ces 25 dernières années ?
Elle a changé. Dans les petits garages disposant de compétences professionnelles directes, d’un excellent mécanicien ou vendeur, ça peut toujours parfaitement fonctionner ; comme dans les grands garages où ils se comportent en entrepreneurs et proposent un excellent service grâce à un contact parfait avec la clientèle et de bons vendeurs et mécaniciens. Si votre garage se situe entre les deux, vous aurez des difficultés actuellement. Il y a 20 ans, c’était justement ce type de garage qui était le plus répandu. Vous deviez décider si vous vouliez devenir plus petits et plus spécialisés ou plus grands. Si vous avez manqué cette transition, il est trop tard.

À quelles spécialisations pensez-vous ?
Il existe diverses possibilités, parfois très originales. Je connais par exemple un confrère qui s’est spécialisé dans le démontage de l’électronique d’anciennes voitures d’export destinées à l’Afrique. Il y a aussi de nouveaux modèles commerciaux dans les voitures anciennes grâce à la législation suisse très libérale. Toute une branche de garages qui restaurent et réparent des voitures anciennes est née. Au milieu, il y a déjà des Youngtimers qui nécessitent aussi des spécialistes. Le marché de l’occasion et les prestations de services recèlent diverses opportunités pour des garagistes futés, selon moi..

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Qu’est-ce qui a changé à l’UPSA et au comité central en 25 ans ?
(Rires) Il y a eu trois présidents ! Leurs styles étaient différents et chacun a fait avancer l’association d’une autre manière.

Et en faisant abstraction de cela ?
Il y a 25 ans, nous étions un club de garagistes qui se réunissaient. Nous pensions tous que nous étions des pionniers, notre modèle commercial était connu et était vivant. Puis, la transition est arrivée. Nous étions devenus des entrepreneurs et le comité central devait alors se composer de spécialistes et d’experts pour les différentes questions qui préoccupaient notre branche. En tant qu’avocat, je me suis fréquemment penché sur des problèmes juridiques et sur des questions d’organisation et de finance. Et depuis environ dix ans, ce sont les questions politiques. Je représente notre branche à l’Union suisse des arts et métiers (usam), l’organisation faîtière des PME suisses. L’UPSA y siège et peut donc négocier avec des décideurs politiques à un tout autre niveau grâce à un poids démultiplié.

Les relations avec les politiciens sont-elles tendues ?
Tout dépend du conseiller fédéral. Moritz Leuenberger n’avait qu’une idée en tête, le tunnel de base du Saint-Gotthard pour les trains. Il ne s’intéressait pas à la voiture et la collaboration avec lui était difficile. Puis est arrivée Doris Leuthard. Avec elle, nous avons eu des résultats et avons pu mettre en œuvre le fonds d’infrastructures routières et le deuxième tube du Saint-Gotthard. La collaboration s’est améliorée. Je ne sais pas encore comment la collaboration avec Simonetta Sommaruga va se dérouler.

Y a-t-il des premières tendances ?
Elle se dirigera vers des plafonds de CO2 plus bas. Nous devons lui faire comprendre qu’il faut que le client puisse avoir le libre arbitre et que ce n’est pas au garagiste de le convaincre d’acheter une voiture essence, diesel, électrique, hybride ou au gaz. J’estime que le biogaz est l’alternative la plus intéressante actuellement. Le biogaz est entièrement renouvelable et ne produit pas de CO2. C’est une technologie d’actualité qui fonctionne et la production de biogaz constituerait même une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs suisses.

Quel a été le principal acquis pendant votre activité associative ?
La formation de restaurateur automobile sanctionnée par un diplôme fédéral a été un projet que j’ai mis sur les rails. À l’UPSA, tout se fait en équipe. Il n’y a pas de performances individuelles. C’est aussi le cas à l’usam. Je suis aussi satisfait des études que nous avons confiées à BAK. Ces prédictions, statistiques et reflets de la branche sont d’importants outils décisionnels pour les garagistes. Car il reste le seul responsable de son entreprise. À l’UPSA, nous souhaitons sans cesse renforcer la position des garagistes en tant qu’entrepreneurs indépendants. Et nous voulons veiller à ce qu’ils continuent de bénéficier des meilleures conditions au cœur de la relation entre l’État, les fournisseurs (tels que banques, assureurs ou importateurs), les collaborateurs et les clients.

Y a-t-il des projets que vous souhaitez encore lancer à l’UPSA ?
La bureaucratie s’est énormément développée et continue de le faire. Nous devons améliorer davantage la position des garagistes. De plus, la Suisse est souvent perçue comme un élément d’un marché bien plus grand et non pas comme un pays autonome. Cela complique la tâche de l’UPSA qui consiste à mettre en place de bonnes conditions et de bonnes relations. Nous avons en outre un immense potentiel dans la formation et dans le choix de carrière. Nous avons besoin de jeunes apprentis motivés et qui aiment notre métier. Nous devons montrer à quel point notre branche est variée et mettre en lumière les opportunités de progression qu’elle recèle. Il est dommage que peu de filles considèrent la branche automobile comme une option viable pour leur carrière. Je n’ai pas encore trouvé de réponse à ce point…

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La vie de Pierre Daniel Senn (56 ans)

Votre première voiture était…
…probablement une VW Polo. Elle était dans un piteux état, invendable. Avec son petit moteur de 0,9 litre, elle n’était pas assez puissante pour monter dans le quartier du haut de Neuchâtel. Je me souviens mieux de la manière dont j’ai appris à conduire et à me garer. Pour une exposition de mon père, je devais garer 40 à 50 voitures et les placer sur une belle rangée peu après mon examen de conduite. Cela m’a beaucoup appris !

Quelle est la voiture de vos rêves ?
J’apprécie les belles voitures et leur technologie mûre, mais je n’ai pas de voiture de rêve en particulier.

Avez-vous un itinéraire de rêve que vous aimez parcourir ?
En été, c’est très agréable de sillonner le Jura en décapotable, de profiter de la beauté de la nature avant de manger un plateau de saucisses et de fromage dans une maison d’hôte simple. Je le fais bien trop rarement.

En cas de panne, seriez-vous capable de changer une roue ou de réparer quelque chose ?
(Rires) Pas du tout ! J’appelle le garage ou la dépanneuse ! Mon père était ingénieur automobile. Un jour, il a montré une astuce à ma femme, alors que sa VW Golf II ne démarrait plus. Elle a pu impressionner ultérieurement ses collègues lorsqu’ils avaient le même problème. Ce que ma femme a réussi à faire en quelques manipulations reste une affaire très abstraite pour moi.
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